jeudi 21 février 2008

UNE BOURGEOISIE DÉRACINÉE...

Une bourgeoisie déracinée !

Il est définitivement admis que le développement économique estl'oeuvre d'une élite.
Qu'il s'agisse du Canada et des USA c'est l'élite coloniale quia enclenché le développement économique. L'Angleterre a connu le développement grâce à une élite aristocratique. La révolution bourgeoise a libéré la France. Dans les pays socialistes la responsabilité incombe à l'élite intellectuelle .En Haïti, la volonté d'aboutir au développement économique ne se manifeste pas encore. L'indifférence et le laxisme de la bourgeoisie haitienne constituent des handicaps majeurs à notre croissance économique .
Nous avons la grande surprise de constater en sondant notre histoire de peuple que la bourgeoisie haitienne n'est ni nationale ni nationaliste. Cette remarque n'est pas anodine. Elle explique les principaux facteurs du rabougrissement de l'économie haïtienne. Oyez ! La société haïtienne est issue de la guerre d'indépendance menée vaillamment par les esclaves et les affranchis.

D'un côté on retrouve les mulâtres et les grands propriétaires terriens qui monopolisent toutes les richesses du pays et qui constituent la trame de la bourgeoisie haïtienne. De l'autre côté, les masses noires qui représentent les 4/5 de la population ont la portion congrue. Au fil des ans le profil de la société haitienne s'est modelé avec l'arrivée des immigrants d'origine libanaise, syrienne, allemande, italienne etc. Ils arrivent toujours avec les mains vides trainant leurs étals de galerie en galerie. En un temps record ils maitrisent le secteur commercial et industriel et s'intègrent rapidement dans la classe bourgeoise traditionnelle sans aucun lien avec le monde rural.
D'ailleurs leurs noms indiquent clairement leurs origines étrangères et leurs comportements trahissent toute volonté d'aboutir à un développement économique national. Ils se contentent des profits réalisés sur la vente de leurs marchandises dont le prix de vente dépasse 2 ou 3 fois le prix CIF. Ainsi nous pouvons saisir tout le secret de leurs réussites faciles. Comme industriels ils se contentent de se lancer dans la sous-traitance. Ils prennent des contrats ou des sous-contrats des multinationales. Ils font crever nos ouvriers pour un salaire tuberculeux qui est 4 à 5 fois inférieur au salaire prévu dans le compte d'exploitation. Le cri de détresse récemment de l'ambassadeur James Foley qui réclame 20 dollars par jour au lieu de 4 pour nos ouvriers est vraiment édifiant. Les industriels haitiens ne mettent pas à profit nos dotations en facteurs de production afin d'assurer la croissance économique du pays par le biais de la production nationale.
Ils se contentent seulement de leurs marges bénéficiaires tirés surtout de l'exploitation éhontée de nos forces de travail. L'Etat haitien n'a pas arrêté les mesures nécesaires pour protéger nos ouvriers livrés à eux-mêmes. S'il n'y a pas de distributions de salaires capables d'assumer la consommation avec des retombées positives sur la demande globale, l'économie nationale nécessairement en patit. Le mal serait moindre si les membres de cette bourgeoisie auraient pensé à épargner pour financer l'investissement du développement économique national. La croissance économique d'Haiti n'est pas inscrite dans leur agenda. Ils transfèrent leurs profits réalisés sur le marché haitien vers leurs pays d'origine ou dans les banques étrangères privant ainsi le pays du Capital nécessaire à son développement économique.

Il ne serait pas étonnant de vous apprendre que nos sous financent les conflits israélo-palestiniens. Il n'existe aucun contrôle sérieux de transfert de fonds en Haïti. Les fluctuations du marché monétaire haitien sont soumises aux caprices de l'offre et de la demande des commerçants et des industriels haitiens selon les besoins de leurs négoces. Ils maitrisent très bien les avenues de la politique haitienne. Ils savent comment dociliser le pouvoir politique et l'orienter dans le sens de leurs intérêts. La méthologie employée depuis deux siècles et qui leur a valu leurs richesses est simple. Ils accordent gratuitement des actions aux autorités en place tout en leur versant régulièrement leurs dividendes. C'est ainsi qu'un Général tout puissant était devenu le co-propriétaire d'un ciné de la Capitale. À sa mort son fils a essuyé la lamentable déception de se faire éconduire en réclamant l'héritage de son père. À chaque nouveau gouvernement, lesvnouvelles autorités reçoivent leurs nouvelles parts sociales. Ainsi s'en va la république, L'appât pour attirer les autorités politiques dans leur camp est aussi sexuel. Connaissant l'appétit des soi-disant noiristes pour les mûlatresses, on leur délègue de façon intelligente une grimelle même de qualité inférieure. Presque tous nos chefs d'Etat ont mordu à l'hameçon. Il n'est pas étonnant de rencontrer au Palais la fille d'un grand industriel comme la secrétaire du Président. Tandis que dans les rues le peuple toujours naif réclame la tête de ce mème industriel qu'il dénonce comme un exploiteur. La plupart de nos révolutionnaires aussi bien que leurs progénitures éprouvent une légitime fierté à se frotter à cette bourgeoisie qui en profite de son côté pour augmenter son capital. Comme l'orchestre du Palais national elle salue avec le même enchantement tous les gouvernements sans jamais prendre part visiblement à aucun d'entre eux.
Les 184 noms de familles qui ont bénéficié des largesses de Magloire, Duvalier pères et fils ont cheminé lavalassement. Maintenant ils se placent en première loge à côté de Cotubanama pour canaliser les1,85 milliards de l'aide. Nous n'aurions aucun grief contre cette bourgeoisie locale non nationale si elle manifestait des velléités nationalistes. Non seulement elle n'a aucune racine nationale, elle refuse de s'intégrer dans le milieu. Elle pratique l'endogamie . Leurs mariages se font à l'intérieur du même groupe social. Leurs richesses restent dans un cercle très restreint.

184 familles étrangères maitrisent hermétiquement l'économie nationale. Elles n'éprouvent aucun besoin en dehors de la capitale et spécifiquement dans le périmètre de Pétion Ville, de Laboule , Pèlerin etc... Leur plus long déplacement s'arrête à l'aéroport pour prendre l'avion et s'envoler vers leurs pays d'origine. Quel est leur apport réel au developpement du pays après deux cents ans ? Sans vouloir tirer la sonnette d'alarme réfléchissons ensemble sur les initiatives louables qu'ils auraient pu entreprendre pour contribuer au développement économique de la nation de 1804 à nos jours. Combien d'écoles ont ils construit pour augmenter nos possibilités techniques? Zéro. Combien d'hopitaux ont-ils bati pour soulager les maux de leurs ouvriers et des consommateurs sur le dos desquels ils ont amassé toutes leurs richesses? Zéro.

Combien de maisons ont-il construit pour lancer l'industrie de la construction et faire baisser le coup du loyer? Zéro. Combien de Centres de Recherche ont-ils financé ? Zéro. Sont-ils touchés par les conditions de vie dans les habitats des bidonvilles? Quelles sont les actions entreprises pour améliorer leur sort? Zéro. Combien de banques de crédit ont-ils construit pour encourager la production agricole, la base de l'économie haïtienne ? Zéro. Combien de Cités universitaires et de bibliothèques ont-ils dressé pour empêcher à la jeunesse haitienne de traverser la frontière afin de s'instruire à St Domingue? Zéro. Dans tous les pays du monde de telles entreprises demeurent l'oeuvre des nantis économiques. En Europe et en Amérique du Nord et même en République dominicaine la bourgeoisie arrive à vaincre le féodalisme. EnHaiti cette bourgeoisie qui n'est ni nationale ni nationaliste à toutes les périodes de notre histoire s'apprêtent toujours à exploiter la masse sans rien lui offrir en retour.

Ce sont les 184 noms de famille qui ont les mêmes magasins dans les mèmes positions. Ils pratiquent toujours la même politique en vendant les mêmes articles. Ils se succèdent de père en fils dans le mème système de corruption , de trahison et de coups bas. Ils refusent de payer les impôts et s'associent aux publicains pour contourner le fisc. L'Etat haitien se trouve souvent en difficulté pour faire face à ses obligations par rapport au corps social. Avec quoi batir le budget et réduire les inégalités sociales. Ils préfèrent financer les coups d'état au lieu de répondre à leurs redevances fiscales. Pendant deux cents ans 184 familles étrangères maintiennent l'économie nationale en otage. À maintes reprises pour maintenir le statu quo et contrarier tout nouveau contrat social qui pose comme préalable indispensable le changement économique, ils préfèrent l'occupation du pays.

À ce compte lisons les témoignages de Suzy Castor in " Occupation américaine d'Haïti" p.77"Cependant, les commerçants arabes et italiens installés dans le pays à lafin du siècle passé considérés par les américains commedes Haïtiens,appuyèrent l'occupation de façon active et effective. Sesmembres souvent naturalisés américains jouissaieint de tous les privilèges des conquérants. Les noms des Kouri, Sada, Loukas, Boulos, Bigio, etc... se retrouvent dans plusieurs rapports officiels qui prouvent bien l'appui de ce secteur commercial à l'intervention" Suzy Castor, dixit. On peut aisément compléter la liste des 184 familles étrangères qui maitrisent l'économie nationale en lisant les enseignes des magasins de la Grand'Rue et du bord de mer de Port-au-Prince .

Une telle bourgeoisie n'a aucune racine et méprise royalement le développement économique national. Elle ne compte aucun cousin , aucune cousine dans nos communautés rurales comment se serait-elle donc intéressée à l'équipement de nos collectivités territoriales et aux infrastructures routières nationales. Nos registres d'état civil ne mentionnent pas leurs noms. Cette bourgeoisie déracinée n'aq ue faire des masses de l'arrière pays et bloque le développement économique national par leur mainmise deux fois séculaire sur nos ressources financières. Il existe une étroite corrélation entre la pensée qui est culturelle et l'action orientée vers le développement économique. Même avec des centaines de milliards de dollars le développement économique d'Haïti est impossible puisque la volonté génératrice de projets d'avancement économique et social n'est pas au rendez-vous. La culture préside à la réalisation de tout projet dont le fondement est avant tout historique. L'enracinement des acteurs qui partagent un destin commun les porte à développer un sentiment d'appartenance à une communauté.

La fibre patriotique qui fait vibrer le coeur de tout Haitien natif-natal a comme source de référence l'identité collective. L'élaboration et l'avancement d'un programme de développement économique pour Haiti exigent un minimum de cohérence de la pensée. La discontinuité caractéristique de tous les projets de développement entrepris en Haiti s'explique par le hiatus observé entre la pensée , le projet et l'identité culturelle des acteurs. Le développement économique a une fondation historique. Poser l'équation du développement économique d'Haiti sans soulever le voile sur cette bourgeoisie déracinée serait une preuve d'infantilisme intellectuel.

Jean-Erich René

dimanche 10 février 2008

MANGER À VENTRE DÉBOUTONNÉ...

Manger à ventre déboutonné
Jean Erich René
Nous sommes choqués par le reportage de la CNN sur la famine qui sévit présentement en Haïti."Des galettes de boue frite et épicée servent de repas." Nous avons déjà entendu cette chanson fredonnée par des politiciens marrons pour révolter les esprits et provoquer la chute du gouvernement en place. Hier ce drame imaginaire avait comme théâtre le Nord`ouest. Aujourd`hui c`est le Plateau Central qui est ciblé. Cette mauvaise façon de faire la politique, uniquement pour déséquilibrer le fauteuil présidentiel, fait plus de torts que de biens au pays. Quelle est la valeur nutritive de l’argile au point d’en faire un biscuit croqué par nos concitoyens pour apaiser leur faim?

Ces tablettes sont souvent vendues dans nos marchés publics à des fins cosmétiques en guise de masque de beauté ou anti-rides pour la gent féminine. Elles sont parfois rongées par les femmes enceintes pour chasser la nausée qui les incite à cracher lors de la grossesse. Nous sommes conscients des difficultés actuelles d’approvisionnement en denrées alimentaires. Nous comprenons la colère citoyenne que suscitent les déclarations fantaisistes de l’équipe au pouvoir mais la terre haïtienne n’est pas aussi ingrate au point de refuser de nourrir ses fils selon les normes diététiques! Exploiter une situation de misère pour monter un videoclip dénaturé et avilissant participe d’un sentiment anti-national. Comment est-on arrivé si bas?

Une nouvelle ère économique s’ouvre sur le monde avec des conséquences désastreuses sur la consommation alimentaire. Une pression sans précédents’exerce sur le marché agricole à cause du choix des céréales, pour leur forte teneur en biocarburant, comme substituts du pétrole. Cette mutation du marché international, provoque une envolée des prix du blé, du mais, etc. nos principales sources d’alimentation. Elle fragilise davantage l’assiette alimentaire des pays émergents et particulièrement Haïti à cause de l’explosion démographique. En effet, la population haïtienne augmente à un rythme géométrique tandis que la production croit arithmétiquement. De plus il faut noter une migration massive de la population rurale et son étalement , avec leurs us etcoutumes, à l’intérieur des villes et dans leurs périphéries.

Cet exode rural entraîne simultanément une baisse de la production agricole et une réduction de nos espaces cultivables limitrophes aux concentration surbaines. Nous pouvons étayer notre thèse en évoquant l’urbanisation de la Plaine du Cul-de-sac (Port-au-Prince, Bergeau (Cayes),Numéro 2 (Jérémie) etc., jadis les greniers alimentaires des villes avoisinantes. Ces nouvelles concentrations intra et péri-urbaines constituent de vrais ghettos. Les pentes et les bas-fonds de nos bassins versants, voies d’évacuation naturelles des eaux de pluies, deviennent leurs lieux de domicile. N’ayant plus de jardins pour se nourrir, ils vivent d’expédients.L’Etat haitien en la personne de ses représentants: le Président René Préval et le Premier ministre Jacques Edouard Alexis, se trouve dans une impasse. Qui pis est, avec l’emploi des céréales comme biocarburants, les nations riches ne peuvent plus nous secourir en cas de disette, comme par le passé, parce qu’elles ont besoin de leurs réserves de céréales, pas même suffisantes, à des fins énergétiques. Que faire?
Pour résoudre cette famine nuisible à la paix sociale haïtienne, il faut un autre modèle de gestion de nos denrées alimentaires. Les décideurs politiques haitiens doivent embrayer une nouvelle vitesse afin de passer d’une agriculture de grapillage et de subsistance à une production agricole industrielle. Compte tenu des nouveaux rapports villes/campagnes, un nouveau paquet technique doit être mis en jeu non seulement pour augmenter la production mais encore la productivité afin de combler ce gap.Notre analyse sur la famine haïtienne intègre la rupture de notre chaîne alimentaire dans un cadre géométrique à 3 dimensions:
1.- changement climatique versus biocarburants
2.- dichotomie ville/campagne versus explosion démographique 3.- Inaction de l’Exécutif haïtien versus incompétence des dirigeants actuels Un rapport symbiotique liait les communautés rurales et rurales sur le plandes échanges commerciaux. De nos communautés rurales venaient les produits agro-alimentaires et les denrées d’exportation telles que le café, le cacao, le coton, le tabac, la pite etc. dont les ventes sur le marché international nous procuraient les devises nécessaires à nos importations. En revanche les magasins et les boutiques de la ville offraient aux citadins aussi bien qu’aux paysans la plupart des produits tels que : huile, mantèque, farine,tissu, savon etc.

Un simple coup d’oeil nous permet d’identifier le paysan haitien comme le fournisseur par excellence de notre diète alimentaire. Sa maigre contribution de nos jours à la consommation locale force l’État haïtien à recourir à l’importation d’aliments au point que les logiques sociales d’approvisionnement à partir de nos communautés rurales disparaissent en changeant nos habitudes alimentaires. Maintenant le blé, le spaghetti, les saucisses, le CornFlakes de Kellog’s, le riz, le maïs, le poulet de St Domingue etc.,garnissent nos plats. Le fossé s’agrandit de jour en jour. L’explication doit être cherchée dans le laisser-faire de nosdirigeants, leur laxisme et leur ignorance des dossiers nationaux.

Un Chef d’État au 21e siècle ne peut plus être un béotien. Il n’a pas besoin d’êtreinitié aux arcanes de toutes les sciences, mais il lui faut un minimum de connaissances pour s’orienter dans les méandres de l’économie mondiale chargée de surprise. Les plus sots sont les plus entêtés. Face à un problème de pénuries alimentaires, un agronome n’a pas besoin d’êre thaumaturge. Il est suffisamment outillé scientifiquement pour relever le défi. Nous sommes surpris davantage par la triste sirène du Ministre de l’Agriculture, l'agronome Francois Séverin face au désastre écologique d’Haiti en titrant son livre: "Ti zwazo kote nou prale?."Nimporte quel enfant de la Jardinière lui répondrait: "Kay fiyèt Lalo" parce que les grands mangeurs deux fois ministres de l’Agriculture, deux fois Premier ministre, deux fois Président d'Haïti ont tout gobé sans redresser l’agriculture haïtienne. Dans un tel contexte de désorganisation des pouvoirs publics, toute polémique est vaine et inutile.

Une logique de survie nous commande à arrêter les mesures adéquates pour crever cette poche de misère. Il faut mettre sur pied des firmes ou des coopératives de production agropastorale pour couvrir les besoins alimentaires d’Haïti .
A) Agriculture et élevage Selon les normes et les standards les superficies suivantes exprimées en hectare doivent être emblavées pour chaque culture: 1.- Cultures vivrières : 351.601 has Maïs : 4.861 has, Millet : 53.071,46 has, riz : 162.242,57 has, palate:17.717 has, igname: 5.607 has, oignon: 1.151 has , Banane: 16.945 has, haricot: 123.644 has, tomate 1.067
2.-Production animale : 132.754 has Pondeuses (oeufs) et poulets de chair: 96.059 has, bœufs (viande) et vaches (lait pasteurisé : 24.904,12 TM): 27.519 has, cabri : 4296 has, Porc: 18475 has
3.- Cultures fruitières raisins; 72035,05 TM, orange:37695,62 TM, mangue: 40958,74 TM
4.- Produits importés Les magasins de l’État se chargeront d’importer les produits alimentaires suivants : Huile de cuisine : 30.203,48 TM, Lait évaporé : 8.301,39 TM,Farine (pain): 112.147,04 TM
B) Répartition du portefeuille de financement : 1.-Cultures vivrières par ordre d’importance haricot : 46%, riz : 17%, igname : 13%, banane :11%, millet : 5%, patate :4%, mais : 2%, oignon 1%, tomate, 1% .
2.- Production animale par ordre d’importance avin (chair) 51%, bovin(viande et lait) : 28%, halieutique(pêche) 12%,caprin : 7%, porcin : 2% , avin Œuf) : 1%, 3.- Cultures fruitièresraisins:94%, orange: 2% mangue: 4%
Voilà comment on peut faire baisser les prix des denrées alimentaires pour donner à manger à ventre déboutonné au peuple haitien sans espérer un miracle du ciel.

jeudi 7 février 2008

L'INFFICACITÉ DES BUREAUX D'ÉTAT...

L'inefficacité des Bureaux de l'État.

Par Jean Erich René

La gestion des entreprises publiques haïtiennes est caractérisée par un laisser-faire sans égal. Le rendement au travail devient secondaire puisque les salaires sont versés quelle que soit la performance de l'employé. Ilest vrai que le profit économique n'est pas un impératif pour les entreprises publiques, les incidences sont plutôt sociales.

La tendance à l'inefficacité et au gaspillage paralysent certaines boites et nous portent à nous questionner sur la légitimité de leur existence. Etant donné les rares ressources dont nous disposons pour faire fonctionner ce pays il demeure évident que l'on ne peut pas encourager les sinécures ni financercertains projets fictifs. L'Etat haïtien doit faire un usage rationnel de nos maigres sous dans un souci de rentabilité sociale et/ou économique. Les expériences malheureuses vécues récemment avec les PPP ou Petits Projets Présidentiels, de véritables tonneaux de Danaïdes, nous inspirent de graves suspicions par rapport à certaines initiatives étatiques. Une bonne partie du budget national est souvent allouée à certaines entreprises douteuses dont la gestion est confiée aux partisans du Gouvernement.

Au décompte lesrésultats ne sont jamais connus ni publiés.Les cloisons de l'Exécutif légalement sont assez étanches. Les fonctions de chaque branche de l'Administration publique sont clairement définies par des lois organiques. Le Président de la République est le timonier de la Barque Nationale. La construction des places publiques, des lycées ou écoles publiques, le fonctionnement des coopératives, l'émission monétaire, sont des tâches bien spécifiques confiées à des institutions publiques bien organisées. La toilette de la ville aussi bien que l'entretien des édifices et des lieux publics relèvent de la compétence de nos maires et de ses assesseurs communaux. Le législateur haïtien reconnaît au ministère de l'Education Nationale toutes les initiatives concernant la construction et le fonctionnement des Ecoles Publiques.

Durant ces dernières décades on a vu pousser comme des champignons des lycées bidons, véritables instruments de propagande de la politique gouvernementale. La qualification du corps professoral laisse à désirer. L'état des locaux est lamentable. Le scandale des coopératives vient de dessiller nos yeux sur les menées souterraines et malsaines de l'Exécutif haitien. L'encouragement à l'investissement dans les coopératives fut une initiative personnelle du chef de l'Exécutif haïtien aussi bien que les promesses de remboursement des victimes.La Constitution haïtienne accorde à l'Autorité Monétaire le privilège exclusif de l'émission et du contrôle de la monnaie. En aucun cas, le Président de la République ne peut s'immiscer dans le mécanisme defonctionnement du marché monétaire.

Nous avons eu la grande surprise au printemps 2003 d'apprendre que le chef de l'exécutif a endossé l'entière responsabilité de cette hémorragie relevée au niveau de la gestion de la Banque Centrale. C'est un danger public de placer l'Autorité Monétaire Nationale sous la stricte dépendance du locataire du Palais national. Depuis le début des années 1970, c'est l'Etat haïtien qui frappe sa propre monnaie, à la faveur de la chute du système de Bretton Woods entraînant le flottement du dollar américain. Selon les études faites par Milton Friedman de l'école de Chicago, l'inflation a pour cause première l'excès de la monnaie. Le fonctionnement à outrance de la planche à billets sous le Gouvernement précédent est responsable de la décote de la gourde haïtienne. Il revenait au Parlement de sanctionner l'émission monétaire afin de discipliner le processus. Avec l'absence du Corps législatif, qui contrôle la Banque Centrale ?

A-t-on fait ou va-t-on faire de nouvelles émissions monétaires? C'est le grand dilemme de l'illégalité du Gouvernement de transition.Les recettes de l'Etat proviennent en général de la DGI qui couvre la Capitale et nos villes de Province. Le bureau des contributions par l'entremise de ses collecteurs et de ses préposés perçoivent les taxes et les impôts sur toute l'étendue du territoire national. Toutes les recettes fiscales sont versées au Bureau Central. Les Provinces ne jouissent d'aucune autonomie telle que prévue par la Constitution de 1987. Les maires de nos villes ne reçoivent que les salaires de leurs employés. Aucune allocation ne leur est accordée pour entreprendre les travaux d'assainissement et d'entretien de leurs villes. Les autorités de Port-au-Prince se réservent la part du lion sans aucune justification de dépenses. Les hommes d'affaires de la place pour contourner le fisc s'empressent de donner des actions gratuites au Président de la République qui reçoit régulièrement son retour sur son investissement fictif.

En contrepartie, le Grand bénéficiaire des largesses de nos industriels ordonnent à la DGI de soulager ses bienfaiteurs de leurs obligations envers le fisc ou de renvoyer leurs créances. C'est ainsi que certains entrepreneurs haïtiens sont redevables de plusieurs millions de dollars d'arriéré à l'Etat haïtien. Les cadres supérieurs de la DGI se sont enrichis des pots de vin du secteur commercial et industriel à cause de certaines coupures d'impôt.L'APN représente l'autre mamelle de la vache que les autorités haïtiennes sucent jusqu'au sang. Cette tendance à la flibusterie loin d'être une exception devient la règle générale dans nos ports et nos aéroports. Il devient quasi normal pour un agent de la douane de se faire graisser la patte pour la livraison d'une marchandise. Certains d'entre eux se livrent à un commerce interlope de marchandises volées. Parfois ils surtaxent certains biens tels que les voitures afin de décourager l'importateur et de s'en emparer. Bon nombre de nos jeunes douaniers se sont enrichis durant ces derniers temps grâce à cet esprit de rapine et de flibusterie qui règne dans nos ports et nos aéroports.

L'Etat essuie des pertes énormes quant au manque à gagner et à la fuite enregistrée au niveau de nos douanes. Les membres de nos églises en sont les plus grands profiteurs. Sous le couvert des organisations caritatives exemptées de taxes nos pasteurs et nosprêtres placent leurs commandes de voiture et d'autres biens de luxe. Aussi les changements de gouvernement entraînent rapidement des bouleversements au sein de l'Autorité Portuaire Nationale. C'est de là que coule le miel dont les nouveaux dirigeants constitutionnels, de facto ou de consensus s'empressent de s'empiffrer en y plaçant leurs propres parents ou leurs partisans.Le Ministère du Commerce devient le théâtre des magouilles les plus affreuses causant la ruine du Pays.

C'est le marché par excellence de toutes les transactions commerciales les plus frauduleuses. Les bons decommande des produits de première nécessité comme le riz, la farine, l'huile d'olive sont vendus comme des pâtés chauds. Il suffit de bénéficier d'un quota de riz pour devenir millionnaire en un clin d’œil. Parfois les importateurs réalisent des profits de 100% voire de 200%. C'est un véritable crime organisé avec la complicité du pouvoir établi pour faire fortune rapide. Outre le caractère malhonnête de telles transactions, elles inhibent également la production nationale de riz. Le riz importé est vendu à un prix nettement inférieur au riz de l'Artibonite. On comprend dès lors le mépris de l'Etat haïtien par rapport à la production nationale de riz. Il y a des mesures techniques appropriées pour faire baisser le coût à l'hectare de nos rizières. On peut aisément contourner les facteurs limitatifs de la production rizicole et compétitionner le riz importé.

La preuve n'est plus à démontrer puisque la vulgarisation du riz Mme Gougousse, choyé par lapopulation haïtienne peut se faire dans d'autres sites de la République qui répondent mieux que l'Artibonite à la production du riz. L'importation du riz ne fait qu'aggraver le déficit de notre balancecommerciale et freiner la croissance de notre PNB.N'est-il pas superflu de jeter un coup d’œil à la Teleco où il y a des affaires de plusieurs millions de dollar qui se brassent? La TELECO est la véritable vache à lait de nos dirigeants politiques. Il devient quasi-impossible d'y faire carrière. A chaque changement de Gouvernement on s'empresse de révoquer les employés pour les remplacer par ses propres partisans. C'est une machine à sou programmée pour enrichir rapidement les responsables nationaux. On n'accorde aucune attention aux abonnés qui sont obligés de payer leurs factures même quand leur téléphone est en dérangement.

Malgré une demande accrue d'installation de nouvelles lignes, l'administration centrale ne répond pas. Cette attitude contraste avec uneentreprise à but lucratif. On ralentit le service aux abonnés pour faciliter la vente de portable communément appelé "Ti telephone". D'aucuns prétendent que le marché du téléphone cellulaire et des cartes d'appel estun monopole réservé à la Première Dame. Certains employés parasitent le service de la Teleco pour ouvrir leurs propres bureaux privés offrant des appels internationaux.
En dépit de toutes ces gabegies administratives, la Constitution haïtienne dans son article 136 stipule:Article 136 Le Président de la République, chef de l'Etat, veille au respect et à l'exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.L'observation quotidienne nous permet de constater que presque tous nos chefs d'Etat une fois en selle violent la Constitution. Ils sont les premiers déstabilisateurs des institutions publiques. Ils y placent leurshommes liges afin de domestiquer l'appareil de l'Etat et détourner les fonds publics à leurs profits. Aussi la politique en Haiti devient l'industrie la plus florissante. Des candidats qui n'avaient même pas une maison pour satisfaire les exigences de la loi électorale deviennent multimillionnaires. Le poisson pourrit toujours par la tête. Les subalternes vont emboîter le pas au chef d'Etat en plumant la poule sans la laisser crier. Les institutions publiques haïtiennes deviennent de véritables Cavernes d'Alibaba. L'esprit de rapine et de flibusterie qui caractérise nos dirigeants politiques consacre l'inefficacité des Bureaux de l'Etat tout en expliquant le délabrement d'Haïti

Extrait des archives, publié le 2 juin 2004

lundi 4 février 2008

VIVE LES MAGASINS DE L'ÉTAT !

Par Erich René ...
La théorie économique de la main invisible, prônée par Adam Smith et ses disciples de l’École de Chicago comme régulateur du marché, ne fonctionne pas en tout temps et en tout lieu. En période de crise, l’État a un rôle macro-économique majeur à jouer pour rétablir l’équilibre. La preuve la plus convaincante vient d’être apportée par le discours de l’état de l’Union de George W. Bush réclamant l’infusion 150 milliards de dollars frais dans l’économie américaine pour effacer le spectre grimaçant de la récession.

Paradoxalement le FMI impose aux économies périphériques telles que Haïti la réduction du rôle de l’État au profit du secteur privé et la déréglementation en faveur du libre-échange etc. Comprenne qui pourra! L’État haïtien, au fil de notre histoire de peuple, a toujours joué un rôle actif sur le marché des produits de première nécessité. La réglementation et la fixation des prix sont des mesures de protection des consommateurs défavorisés. Par le biais des Magasins de l’État, les principaux produits de base étaient toujours disponibles afin d’éviter le marché noir et la flambée des prix. La stabilité politique de tout Gouvernement haïtien dépend du prix des produits de base. La commande en vrac de la farine, du riz, de l’huile de cuisine etc., selon une économie d’échelle, permettait à l’État de réduire considérablement le prix de revient de certaines marchandises. Un tel indicateur est symptomatique de l’état d’âme de la masse qui ne veut plus rien entendre quand la faim coupe ses tripes.

A dire vrai la situation a commencé à se détériorer sérieusement à partir de l’application de la Politique néo-libérale prônée par le FMI exigeant : - la diminution du rôle de l’État sur le marché - la réduction des dépenses du Gouvernement - la privatisation des entreprises publiques - la disparition des barrières douanières - le libre transfert de fonds vers les banques étrangères etc. De telles mesures ont provoqué le déséquilibre de l’économie haïtienne etla dégringolade de notre unité monétaire. Il s’ensuit une importation accrue des produits de base, une baisse considérable de la demande effective, un déficit de notre balance de paiement et une augmentation brusque de la dette extérieure due à la variation du taux de change. Bref le coût de la vie augmente de plus en plus en Haïti.
Les plus grandes victimes ce sont les pauvres. L’ajustement des salaires à un taux de 5% ou même de 150% témoigne de l’ignorance pure et simple de nos dirigeants de la gestion économique nationale. Au contraire cette initiative impromptue, dictée par des économistes de facto, va créer une inflation en tire-bouchon.

Les prix vont augmenter davantage puisque cet ajustement de salaire ne résulte pas de la nécessité de trouver le point d’équilibre entre le marché des biens et des services relativement au marché de la monnaie. La Courbe IS-LM ou Croix hicksienne donne clairement le ton. Sans une augmentation subséquente du PNB, l’excès de monnaie en circulation va augmenter davantage la cherté de la vie. Donc l’ajustement arbitraire des salaires se révèle une solution plutôt dégénérative de l'économie nationale. René Préval doit faire preuve de courage et s’élever à la hauteur de sa mission. Il doit divorcer avec la politique d’austérité du Fond MonétaireInternational. Le pouvoir d’achat de nos concitoyens est grandement réduit.
Dans un contexte économique aussi difficile on ne peut plus se référer au secteur privé pour l’approvisionnement des familles haïtiennes déjà essoufflées. La fourniture des denrées alimentaires devient une question d’intérêt majeur et même de légitimité politique du Gouvernement en place. Sans la satisfaction des besoins alimentaires, immédiatement après les carnavals l’émeute de la faim va éclater. La moisson est déjà compromise dans nos plaines récemment inondées Le Premier Ministre ne peut pas s’avouer vaincu en invoquant l’argument saugrenu: " Nous ne pouvons faire sortir du sang des rochers."

Cette réflexion digne d’un saurien jette le désarroi au sein de la population. L’urgence de l’heure exige la réouverture des Magasins de l’État dans les Chefs-lieux de nos départements géographiques, afin de mettre les produits de base à la portée de tous les ménages. Ainsi l’occasion sera offerte aux fils du peuple de rejoindre la Caravane économique par le biais des coopératives de céréales, de fruits et légumes, de boulangers, de bouchers etc. Grâce au commerce de détail, un contrôle strict du mouvement des prix sera exercé afin de limiter les dégâts dans nos sections communales. L’intérêt public commande l’instauration des Magasins de Quartier alimentés par les Magasins de l’État.

Des épiceries populaires ainsi conçues grâce à leurs bas coûts de fonctionnement pourront livrer les denrées alimentaires à un prix réduit et une faible marge de profit. De meilleures aubaines et des emplois seront offerts aux classes défavorisées. Une telle initiative exprimerait clairement l’ouverture de la société haïtienne sur des avenues plus ensoleillées pour la rédemption des masses nécessiteuses. Pour les entreprises privées, le profit est l’objectif le plus recherché. Il revient aux municipalités d’établir les points de distribution en fonction de leurs budgets réels. Selon un système de quota, les Magasins de l’Etat les pourvoiront en biens de consommation.

Cette initiative, même quand elle a pour but de soulager la misère des masses urbaines et rurales, va soulever la hargne des intermédiaires grossistes de la bourgeoisie peser-sucer. Keynes décrit l’économie en heurts de pouvoirs. L’état des rapports de force dans le partage salaire-profit porte les entrepreneurs à déterminer les prix. L’instabilité économique est surtout le résultat de la lutte pour le partage du revenu national. D’où l’apparition bizarre de wharf privé et l’émergence d’un état dans l’État. Le changement climatique, la montée du prix du baril de pétrole etc ne suffisent pas pour expliquer la cherté de la vie.

Et la République dominicaine qui partage l’Ile avec nous ? Ceteris paribus, la cause causante c’est surtout la déviance de nos dirigeants par rapport aux lignes politiques traditionnelles pour se jeter sur les brisées du néo-libéralisme. La réouverture des magasins de l’État et sa nucléarisation en magasins de quartiers, communautaires et épiceries populaires est la solution la plus salutaire. Elle contribuera à la déconcentration de l’économie nationale par une participation plus accrue et plus dynamique de nos communautés urbaines et rurales à la gestion de laRes Publica.
Vive les Magasins de l’Etat !

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